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Contexte
écologique du lac Le
Lauvitel (1 500 m) présente les caractéristiques
suivantes : (1)
(4)
(5)
- Superficie : 38,9 ha (Avec ses 800 mètres de long et
ses 450 mètres de large [environ], le Lauvitel est
l’un des plus grand lac naturel d’altitude des Alpes [le plus grand est
le lac d'Allos
avec ses 54 ha])
- Profondeur maximale : 65 m
(67 m en 1983 [3])
- Durée du gel : 4 mois
- Valeur de marnage"Le marnage désigne le dénivelé, la variation de niveau d'eau d'un lac." :
20,00 m
- Niveau le plus bas en avril (altitude = 1 471 m)
→ Volume min. : 5,8 Mm3,
Profondeur max. : 40 m
- Niveau le plus haut en juillet (altitude = 1 501 m)
→ Volume max. : 12 Mm3,
Profondeur max. : 65 m (9 Mm3 [mégamètres cubes] d’eau seraient apportés chaque année par la fonte des neiges).
Le volume du Lauvitel double entre avril et juillet. Le
niveau d'eau augmente alors de 50 à 60 cm par jour. Et cet accroissement
peut même dépasser 1 m par jour. En mai 2008, avec la forte pluviométrie
et la fonte des neiges liée à un redoux exceptionnel, cette remontée du niveau avait atteint 2 m par jour (soit près de 250 000 m³ / jour).
(4)
Le Vallon du Lauvitel, où se situent
le lac éponyme (1 500 m) et le lac de Plan Vianney (2 250 m), s'inscrit dans un paysage
minéral de haute montagne, où prédominent les
escarpements rocheux, les éboulis et les moraines (carte). Protégé à l'EST,
au SUD et à l'OUEST par d'imposantes crêtes rocheuses, dont les altitudes
sont comprises entre 2 500 m et 3 126 m au Pic du Clapier du Peyron,
ce secteur est soumis à un climat de type montagnard
continental intra-alpin relativement sec et froid, ne subissant que très
peu les influences atlantiques. Des roches cristallines"Les roches cristallines qui constituent les massifs cristallins, sont formées d'un assemblage de cristaux (d'où le terme "cristallin"). Les minéraux qui y sont cristallisés ne se forment que dans les profondeurs de la croûte terrestre, dans des conditions de températures et de pressions considérablement élevées. Ces roches ont deux origines :
- soit elles proviennent de la croûte elle-même, d'où elles ont plongé en direction du manteau et ont ainsi subi un métamorphisme (cristallisation ou recristallisation À L'ÉTAT SOLIDE par métamorphisme); c'est le cas de la plupart de ces roches, ce sont des roches métamorphiques;
- soit elles proviennent du manteau, d'où elles sont remontées :
- très lentement, sans atteindre la surface, sous la forme de plutons de granites; ce sont des roches plutoniques ou intrusives (cristallisation par refroidissement lent);
- très rapidement, en épandant leurs laves à la surface du sol, ce sont des roches volcaniques (cristallisation perturbée par refroidissement rapide)." (gneiss"De même composition minérale que les granites (quartz, feldspaths, mica), les gneiss sont des roches métamorphiques qui dérivent pour la plupart d'anciennes roches sédimentaires ou métamorphiques, pauvres en calcium et magnésium (marnes ou grès, laves variées, plutons de granite). Les paragneiss proviennent d’un métasédiment et les orthogneiss, d’un métagranite. Roches très fortement recristallisées, les gneiss sont très résistants à l'érosion."
et granites"De l'italien granito, « qui a une structure granuleuse », les granites sont des roches claires, en général, se caractérisant chimiquement par une relative pauvreté en calcium et magnésium et une richesse en silice. Type même de la roche intrusive ou plutonique, les granites sont composés de minéraux de quartz (silice pure), de feldspaths (silice et alumine) et de micas (Biotite, couleur noir ou Muscovite, couleur blanche).")
composent le substrat géologique et engendrent ainsi des sols siliceux,
relativement maigres et acides. Cet espace naturel est en grande partie
inclus dans le Parc National des Écrins et renferme la Réserve Intégrale
de Lauvitel qui s'inscrit au fond du vallon, au SUD du lac éponyme (2).
Cette réserve, créée en 1995, a pour objectif "le
suivi de la dynamique naturelle d'écosystèmes peu soumis à l'action
anthropique". Réservée à la recherche scientifique, son accès est
interdit (1).
Les habitats, variés, contiennent une végétation spécifique, avec une
flore remarquable ou rare. On trouve ainsi : (2)
- des boisements de feuillus divers aux altitudes inférieures,
- des
pessières"Forêt d'Epicéas" acidophiles"Se dit d'une plante qui aime les sols acides, siliceux, riches en silice et qui n'aime pas les sols alcalins, calcaires, riches en calcium.
On dit aussi qu'une telle plante est acidophile ou acidiphile ou calcifuge.",
- des fourrés, contenant :
- l'Aulne vert (Alnus viridis),
- le Saule pubescent (Salix
laggeri Wimm., 1854),
- le Saule soyeux (Salix Daphnoides),
- des pelouses et des prairies subalpines, contenant :
- le Dracocéphale de Ruysch (Dracocephalum ruyschiana),
- le
Gnaphale de Norvège (Gnaphalium norvegicum),
- la Potentille de
Thuringe (Potentilla thuringiaca),
- la Raiponce de Michel (Phyteuma michelii All.),
- des prairies fraiches et des
mégaphorbaies"Une mégaphorbaie (du grec
mega, grand et phorbē, pâturage) est une formation végétale luxuriante,
constituée de grandes herbes, de 1,5 m à plus de 2 m de hauteur, se
développant sur des sols riches, frais, non-acides et humides."
(groupements végétaux à hautes herbes), contenant :
- l'Ail victoriale (Allium victorialis),
- le Pleurosperme d'Autriche
(Pleurospermum austriacum),
- la Rhapontique scarieuse (Rhaponticum
scariosum subsp. scariosum Lam., 1779 = Stemmacantha rhapontica subsp.
lamarckii Dittrich, 1990),
- l'Uvette à feuilles embrassantes (Streptopus
amplexifolius (L.) DC., 1805),
- la Tozzie des Alpes (Tozzia alpina),
- le
Panicaut des Alpes (Eryngium
alpinum), connu sous le nom de
Chardon bleu des Alpes, ...mais qui n'est pas un Chardon, bien qu'en
grand nombre ici, il est inscrit au livre rouge
national des
plantes menacées,
endémique"L'endémisme, du grec éndêmos, indigène, caractérise la présence naturelle d'un groupe biologique exclusivement dans une région géographique délimitée." du massif alpin
dont il constitue ici l'une des cinq stations dans le département de l'Isère,
- des pelouses sèches"Une pelouse sèche est une pelouse non-inondable." et alpines, contenant :
- le Stipe penné (Stipa
pennata),
- la Campanule en épi (Campanula spicata L., 1753),
- des rocailles, des éboulis, des escarpements rocheux, des falaises,
contenant :
- le Céraiste laineux (Cerastium alpinum L., 1753),
- l'Androsace pubescente (Androsace pubescens DC., 1805),
- l'Ancolie
des Alpes (Aquilegia alpina),
- le Génépi laineux (Artemisia
eriantha Ten., 1831),
- la Woodsia des Alpes (Woodsia alpina (Bolton) Gray, 1821),
petite Fougère qui pousse dans les anfractuosités des rochers acides,
- des hautes crêtes d'altitude, contenant :
- la Saxifrage à feuilles
émoussées (Saxifraga oppositifolia L., 1753), espèce rare, dont il
s'agit ici de l'une
des deux seules stations connues dans le département de l'Isère,
- la
Potentille des frimas (Potentilla frigida Vill., 1788),
- le
Genépi jaune
(Artemisia
mutellina),
- des sources et des ruisseaux.
La faune comprend des espèces typiques comme :
(2)
- l'Aigle royal (Aquila chrysaetos),
- le
Tétras lyre (Tetrao tetrix), Galliforme remarquable,
emblématique des Alpes,
- le Lagopède alpin (Lagopus mutus), Galliforme d'origine
arctique, relique de l'époque glaciaire dans les Alpes, où il occupe les
reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment balayés par le vent
(reliefs qui de ce fait sont à la fois déneigés [l'animal y trouve sa
nourriture] et enneigés [l'animal peut s'y enfouir pour se protéger]),
- la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), Galliforme
méridional de montagne recherchant les versants ouverts et ensoleillés
avec des barres rocheuses,
- le Merle à plastron (Turdus torquatus),
- l'Accenteur alpin (Prunella
collaris),
- la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), Passéridé paléo-montagnard
remarquable, caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des
étages alpin et subnival des massifs montagneux les
plus élevés,
- le
Cassenoix moucheté (Nucifraga caryocatactes), présent sur les
parties inférieures boisées du site,
- le
Bouquetin des Alpes (Capra ibex),
Caprin
dont les populations locales sont issues de réintroductions,
- le Chamois
(Rupicapra
rupicapra).
(En savoir plus)
Inventaire de la faune et de la flore
:
INPN
De manière plus spécifique, dans la Réserve Intégrale de Lauvitel,
zone d'étude scientifique au fond du vallon, les espèces suivantes ont
été recensées pour le 1er janvier 2019 : (6)
- 523 espèces de Vasculaires"Les Vasculaires (du latin vasculum, « petit vase, vaisseaux ou boyaux ») sont des
Végétaux qui comportent des vaisseaux assurant la circulation de la sève.
Les Vasculaires comprennent :
- les Ptéridophytes,
- les Gymnospermes,
- les Angiospermes." (plantes à vaisseaux assurant la
circulation de la sève), dont 10 sont protégées au niveau national et 6 soumises à réglementation départementale ou régionale.
- 135 espèces de Bryophytes (mousses au sens large), dont la Buxbaumie verte (Buxbaumia veridis), petite mousse de moins d’un centimètre de haut, rare et protégée.
- 197 espèces de Lichens et 11 espèces de Champignons lichénicoles. Parmi elles, 88 espèces n'avaient pas encore été signalées en Isère.
Deux autres n'avaient jamais été signalés en France : Thelidium pluvium et
Verrucaria umbrinula.
Les lichens sont composés d'un Champignon, en symbiose avec des cellules
microscopiques possédant de la chlorophylle, souvent une Algue verte.
- 285 espèces de Champignons.
- 29 espèces de Mammifères, dont :
- 5 espèces de micromammifères, parmi lesquelles la très rarement observée
Musaraigne alpine (Sorex alpinus),
- 10 espèces de Chiroptères (Chauve-Souris).
- 63 espèces d'Oiseaux (le plus abondant est le Pinson des arbres
[Fringilla coelebs]).
- 6 espèces de Poissons.
- Une seule espèce de Cloporte (Porcellio montanus).
Parmi les Invertébrés, les Isopodes terrestres ou Cloportes sont les seuls Crustacés entièrement terrestres.
Ils mesurent de un à deux centimètres, possèdent un corps en trois
parties et sept paires de pattes.
- 9 espèces de Lombrics ("Vers de terre").
- 41 espèces de Mollusques,
dont 6 espèces de Limaces.
- 109 espèces
d'Aculéates (du latin aculeus, aiguillon), Hyménoptères chez lesquels les femelles sont généralement dotées d'un dard
(Fourmis, Guêpes et Abeilles au sens large), dont :
- 40 espèces de "Guêpes",
- 48 espèces d’Abeilles,
- 13 espèces de Bourdons (Bombus spp.), parmi lesquelles B. gerstaeckeri,
dont la présence est ici liée à celle de l’Aconit tue-loup (Aconitum lycoctonum subsp. vulparia), cette spécificité le rendant vulnérable.
- 231 espèces de Coléoptères, ordre d'Insectes chez qui une paire
d'ailes a été transformées en élytres, carapace protectrice.
- 488 espèces de Lépidoptères (Papillons), dont :
- 99 espèces de Rhopalocères (« papillon de jour »),
- 389 espèces d'Hétérocères (« papillon de nuit »).
Les lépidoptéristes estiment qu’il reste encore 450 espèces de Papillons à découvrir, ce qui porterait à plus de 1 000
le nombre total d'espèces de la réserve.
- 10 espèces d'Orthoptères (Sauterelles, Criquets et Grillons).
Les Criquets sont phytophages tandis que les Sauterelles sont majoritairement carnivores.
- 19 espèces de Syrphes.
Du latin syrphus et du grec súrphos « mouche », les
Syrphes sont une famille de mouches (Diptère) qui porte les rayures des
Guêpes et des Abeilles afin d’éviter les prédateurs. Elles se nourrissent de nectar et participent
ainsi à la pollinisation.
- 65 espèces d’Araneae (Araignées), dont 2 espèces n'avaient
jamais été identifiées en France : Agyneta alpica et Mughiphantes baebleri.
- 6 espèces d'Opilions, Arachnides couramment nommé
« faucheur ».
- 14 espèces de Chilopodes (Mille-pattes).
N°1 d’après
"Réserve Intégrale de Lauvitel" sur le site du Parc National des
Écrins www.ecrins-parcnational.fr
N°2 d’après le site INPN - Inventaire National du
Patrimoine Naturel
inpn.mnhn.fr,
Copyright ©
N°3
Édouard Jean-Louis (1983).
Les lacs des Alpes françaises. In: Revue de géographie alpine. 1983,
Tome 71 N°4. pp. 381-397.
d'après le site
Persée : Portail de revues en sciences humaines et sociales
www.persee.fr,
Copyright ©
N°4 d’après
"Réserve Intégrale de Lauvitel" sur le site du Parc National des
Écrins www.ecrins-parcnational.fr
N°5 d’après
"Réserve Intégrale de Lauvitel" sur le site du Parc National des
Écrins www.ecrins-parcnational.fr
N°6 d’après
"Réserve Intégrale de Lauvitel" sur le site du Parc National des
Écrins www.ecrins-parcnational.fr
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